Extrait
« Je ne veux pas courir je veux déguerpir, Je ne veux pas exister, je veux voyager, Je ne veux pas dépérir je veux me détacher, Je ne veux pas mourir je veux rigoler, Je veux voler dans une brume d’humanité, Dans un cocon de silence, de bruits étouffés, De rires alcalins, lac majeur, ventre de ma mère, Je veux couper ce cordon qui me relie à elle, Je veux rompre ce lien avec le grand sécateur, Et couper la trame de la vie grise et molle, Il est temps que j’aille embellir les tombes des gentils miens, Qui ne seraient rien sans ce lien inaltérable ».
Extrait
Sans ta présence, Agathe, je ne vois pus les couleurs. Ces jours-ci, je t’ai regrettée à tous les instants, à toutes les occasions, dans tous les endroits … Il y a eu avant-hier une grande vague qui a inondé les rues de Gérone jusqu’à deux mètres. Si tu savais que j’ai perdu tes lettres dans l’eau. Je suis resté à genoux longtemps, pour en sauver quelques-unes … Je pleure encore … Il y a eu tant de pertes matérielles … Il y a même eu des morts … Je me fous des morts, je ne pense qu’à toi … C’est trop dur sans toi, j’ai besoin de te voir. Tant de blessés à soigner et moi qui ne pense qu’à sauver tes lettres …
Extrait
« Je ne sors plus de ma chambre, je ne franchis plus son seuil, je ne me lève plus de mon lit.
On m’y lance de temps à autre les mets les plus fins que je trie et lèche. Ce qui pénètre dans mon antre y reste et se mélange avec ce qui sort de mon corps ; nid de fumier qui m’apaise et me contient, cocon douillet rien qu’à moi, je m’y blottis en sécurité.
Je n’accepte plus que l’on me touche, ni ne m’approche. Je me décharne, ma chevelure continue de croître, je ne suis plus de ce monde alors qu’il parait que je suis en vie. »